Berceuse ferroviaire
Je dors bien dans les trains. La tête posée contre la vitre, j’écoute la caresse des essieux bien huilés qui souffle doucement, le tac-tac des joints de rail qui bat, lancinant, et mes yeux se ferment tout seuls. C’est même tellement naturel que, la fatigue (et une soirée un peu trop arrosée ? ahem…) aidant, j’oublie parfois de me réveiller pour descendre.
Alors, j’ouvre les yeux. Mitry-Claye. Le train ne bouge plus, les voyageurs sont descendus, rentrés, couchés. Un peu vaseux, j’ai oublié un bout du trajet, je ne me souviens plus comment je suis arrivé à prendre le RER. Rien sauf peut-être un flash-back hors contexte, la rencontre avec le métal glacé d’une poubelle publique. Je descends.
Devant la gare sans vie, l’horloge affiche presque deux heures du matin. Pas une ombre qui bouge, tout est vide, tout est glacé. Pour échapper au froid, la seule solution consiste à remonter dans le train fantôme, endormi à quai. On n’entend plus que la respiration du gros serpent d’acier, le souffle tiède de la climatisation. Je me cale au fond de la banquette, je me rendors quelques heures, baigné de la clarté bleuâtre des néons fluos.
Cinq heures. Paris s’éveille, une femme vient s’asseoir en face de moi. Elle aussi a dormi dans le train. Le signal sonore retentit. Dans la banlieue encore noire, on file vers Gare du Nord.
On y sera dans une demi-heure. C’était juste un petit détour.
2 mars 2005 à 02:06
On se croirait en nivôse
Encore un retour à la maison qui ne se passait pas comme prévu. Cette fois-ci, pas moyen d’aller dormir à Mitry-Claye. Mon RER s’était transformé en citrouille. Mais c’était un mal pour un bien. Cette nuit, sur le boulevard Jourdan, il neigeait.
7 décembre 2006 à 16:42
[…] C’est que François et Anaïk ont décidé de descendre le cours d’un long fleuve bleu : le RER B. D’un bout à l’autre, de Roissy (et Mitry-Claye) à Saint-Rémy-les-Chevreuse. Trente-huit gares (à l’époque, en 1989) et cinquante kilomètres du Nord au Sud de la banlieue parisienne. […]