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Old soul

C’était par une nuit d’hiver, il y a huit mois. Tu nous avais mis à l’épreuve, vieux renard, quelques jours avant déjà. Juste pour voir qu’on était prêts, qu’on était là, impatients, fébriles, parés. Un petit tour de plus et puis finalement tu t’étais décidé. Et pendant que Maman encore groggy émergeait, tu es venu, tout petit bonhomme doux, tout contre ma peau. Je t’ai chanté Ma chance dans cette salle absurde et déserte du grand hôpital, moi inconfortablement calé dans un fauteuil trop bas, toi blotti bien au chaud contre mon cœur.
Bien vite on s’est noyés dans ton regard, immensités gris-noir comme les eaux sombres d’un vieux lac. Sereins, hiératiques, tes yeux semblaient avoir déjà engrangé toute la sagesse des lignées oubliées. Quand ils se posaient, intenses, sur le monde autour de toi, on les y sentait chercher, dans le moindre détail, chaque atome de mémoire de l’histoire du monde.

C’est une nuit d’automne maintenant. Les lumières de la skyline veillent sur ton berceau. Une nuit encore, sans doute, où quelque vieux démon viendra te réveiller, et tu retrouveras comme la nuit d’avant et celle encore avant refuge dans mes bras ou le sein de ta mère. Mais au petit matin nous serons éblouis. Un rayon de soleil sur ton sourire immense, quatre dents prêtes à croquer la vie.

Ce jour est le premier où tu marches debout. Puisses-tu continuer à le faire en homme libre toujours. Et que les premiers mots que tu prononceras nous racontent les rêves dont tu seras passeur.

Pour Gabriel, né le 16 février 2016.

Cet article a été publié le mardi 25 octobre 2016 à 02:40 et est classé dans Général. Vous pouvez suivre les réponses reçues par cet article grâce au fil RSS 2.0. Vous pouvez laisser un commentaire, ou faire un trackback depuis votre site.

3 réponses à “Old soul”

  1. M. a dit :
    25 octobre 2016 à 03:05

    Ça valait le coup d’en l’attendre, ce billet de bienvenue ! Je ne sais pas si je te l’ai dit, ce soir-là, toute absorbée que j’étais par la contemplation béate de cette deuxième merveille que nous avons créée ensemble (agrémentée d’un sentiment de victoire sur les obstacles administratifs), mais je te remercie d’avoir si bien pris soin de notre fils quand j’étais dans les choux. C’est sans doutes à ces premières heures contre ta peau que nous devons une partie de la lumière qu’il dégage. Merci d’être le papa que cet ange mérite.

  2. Keltounet a dit :
    25 octobre 2016 à 07:02

    RT @Scorpaena: [Blog] Old soul https://t.co/ib5vPZONsx

  3. Nunéphar a dit :
    25 octobre 2016 à 16:56

    Très beau

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