Sans un regard
Dans le métro, ligne 14, après la Cinémathèque avec Gilda.
Ils sont assis, tous les deux côte à côte, elle plutôt élégante, bien droite sur son siège, les mains croisées sur son sac serré contre elle. Il est assis à côté d’elle, baggy et casquette, avachi. Il s’étire un peu, innocemment, et pose la main sur son épaule à elle. Comme ça, doucement. Elle ne bouge pas, regarde par terre. Sa main à lui reste posée sur son épaule à elle, tranquille. Ses doigts pianotent un peu, comme ça. Il regarde ailleurs. Ses yeux à elle sont perdus par terre, et son visage est infiniment triste. Pas du malheur tragique d’un amour déchirant, non. Seulement insondable de mélancolie ordinaire, malgré — ou peut-être bien à cause — de sa main à lui posée sur son épaule à elle.
14 avril 2009 à 12:13
Je pensais à un deuil ou à quelqu’un de gravement malade, mais qu’elle seule connaissait ou venait d’aller voir, et lui, en dehors de ça mais qui était venu la chercher peut-être au train du retour où l’accompagner à celui de partir, et délicatement compatissait, voulant dire « je suis là » mais sans empiéter. Pas imaginé qu’il puisse être cause de la tristesse (curieusement + je ne saurais dire pourquoi).