Soirée coton
La semaine et les microbes m’ont crevé. Lessivé. Las, quelques courses encore pour manger ce soir. Il est tard et le supermarché se vide peu à peu. Bien sûr l’homme devant moi paiera ses courses, sept euros cinquante-six, en un monceau de petites pièces. Bien sûr, quand la faim et la fatigue se font prégnantes, il faut attendre encore un peu. Ce n’est pas grave, va. J’ai la soirée devant moi.
Le froid est humide, pénétrant, et je me réfugie loin sous terre. Un niveau après l’autre, comme tous mes frères voyageurs, je m’enfonce dans les entrailles tièdes de la ville. Le train s’ébranle, glisse dans le tunnel sombre. Je suis ailleurs, détaché, flottant dans l’engourdissement qui gagne tous mes membres. Le médicament commence à faire effet. Mon nez ne coule plus, mon cerveau s’éteint à petit feu, la torpeur douce s’installe. J’aime cette sensation cotonneuse.
Une station. Vite, descendre, maintenant. Je suis bientôt arrivé. Remonté à l’air libre, je marche vers le nid qui m’attend. La maison m’accueille, enfin la douce chaleur. Enfin, se poser. Nourrir et réchauffer le corps. Abreuver et rincer l’esprit. Débrancher l’intellect. Oublier tout. Ce soir, je ne vois personne. Je suis seul. Je suis bien.
25 mars 2006 à 02:07
La solitude a du bon.
25 mars 2006 à 10:49
Voila qui fait plaisir à lire 🙂
25 mars 2006 à 12:16
ok, pas mal, cette lenteur montone du type qui débourse le fric pour ses bricoles. Un ton cafardeux, comme on aime. je n’ai pas dit grave.