Refaire le monde
C’est le soir, tard, on dîne d’une tarte au Maroilles simplement délicieuse. La discussion autour de la table va bon train. Sur le monde tel qu’il est, dans lequel nous vivons.
L’énergie, l’écologie. Panneaux solaires, nucléaire. Politique, on nous ment, on nous cache des choses. J’ai du mal à entrer dans ces débats-là. Je ne sais trop que dire. Je n’ai pas l’impression qu’on me cache tant de choses que ça. Et ce qu’on me cache, je ne le sais pas.
Il paraît, pourtant, qu’on en parle dans la presse. Celle qui sait, celle qui remue les scandales qu‘on tente d’étouffer, celle qui nous défend, nous, citoyens, contre eux, élites, gouvernement… J’ai l’impression de ne pas voir, de ne pas entendre.
Je me sens en porte-à-faux. Je n’adhère pas aux idées à la mode. Je ne crois pas qu’il faille urgemment sortir du nucléaire, je vote (un suffrage exprimé) à chaque scrutin, je considère que c’est un droit sacré auquel je refuse de renoncer, et aussi mon devoir de participer à la décision collective.
Mais au-delà de cela, je suis là décalé. J’ai l’impression de passer à côté des informations, des théories, des thèses et des systèmes que les uns et les autres adoptent, reprennent, critiquent ou fustigent. Je me sens un peu à l’écart, un peu idiot, hors du flot de la pensée du temps. Avec mes idées et mes idéaux probablement un peu naïfs, je ne sais pas très bien refaire le monde. Je préfère l’habiter tel qu’il est, m’y faire un petit nid douillet, et si je le peux le faire un peu meilleur aussi.
« Et toi, Thomas, tu ne dis pas grand’chose… »
31 octobre 2005 à 01:26
Tu es si mignon quand tu es idéaliste. 😉
31 octobre 2005 à 11:23
ouf! ca me rassure je ne suis pas la seule a raisonner comme ca :o)
31 octobre 2005 à 11:37
Je me sens un peu en dehors de ce genre de conversation, aussi. J’ai du mal à croire aux solutions politiques. J’ai l’impression qu’on leur donne trop d’importance. Que la société est construite par la somme des individualités. Je crois que le monde se fait sans moi, mais que je suis un bout de ce phénomène, mais que, si nous sommes sur les mauvais rails, je suis aussi coupable que n’importe lequel de mes compagnons humains.Ou pas. Je n’en sais rien.
31 octobre 2005 à 16:05
Parce que tu n’es pas une « élite officielle » mais que tu en es suffisamment proche pour savoir qu’ils ne sont que des hommes… Tellement moins puissants que ce qu' »on » voudrait parfois.
Parce que tu es responsable et que tu conçois la complexité du système
Parce que beaucoup trouvent plus simple de râler que d’agir ou d’agir simplement en râlant…
Juste une preuve de ton intelligence peut-être?
J’M. (ok ok admiratrice de Thomas et alors? Qui ne l’est pas?)
31 octobre 2005 à 16:07
Mouaif… Ce compte-rendu est quand même hyper caricatural, alors que nous l’étions déjà suffisamment comme ça! Déjà, les « on » étaient identifiés, et ça allait un peu plus loin… parce que là, on dirait que tu te sens désorienté par des gens qui ont un discours totalement vide, et ça en vient presqu’à diminuer ton propos (que je respecte totalement). M’enfin c’était juste comme ça en passant, car finalement on s’en fout.(nip nip)
31 octobre 2005 à 18:18
Je suis d’accord avec Thomas.
31 octobre 2005 à 18:44
Ton billet me rappelle un autre que j’ai lu ici, qui se désole du niveau ras-des-pâquerettes des discussions avec ses amis anti-tout (maintenant on doit dire alter, c’est plus tendance).
Je vois dans ces discussions une sorte de pseudo-idéalisme nihiliste à deux sous malheureusement très répandu actuellement, qui semble mener tout droit vers les extrêmes (que je mets tous dans le même sac).
1 novembre 2005 à 01:38
… Le même sentiment, pendant les réunions de famille, ou les soirées où il y a trop de monde pour aborder ce qui nous touche vraiment. Ce genre de conversations fourre-tout, pratiques parce qu’on peut toujours trouver quelque chose à dire, ne servent pas à grand-chose dans le fond. On ne pose aucun geste. Mais qu’on parle avec quelqu’un de ce qui le touche, le rend heureux ou le fait souffrir, de ce qu’il est profondément, et là la parole devient geste. Elle a un sens véritable.
J’ai vraiment beaucoup aimé ton billet.
1 novembre 2005 à 17:00
Et bien voilà, on y revient. Tu me décris à une soirée de geeks là Thom, tu décris le geek perdu parmi les carabins. Enfin presque. (parce que je sais bien ce que tu penses là, que la politique concerne tout le monde etc…)
3 novembre 2005 à 14:16
Ha là là, la fameuse thèse du grand complot mondial judéo maçonnique des adorateurs de Pazuzu… ils nous mentent, mais nous, nous savons, nous sommes informés.
La plupart des trucs que nous ne savons pas sont probablement au delà de l’imagination de Chris Carter. Mais avons nous vraiment besoin de savoir pour vivre au jour le jour?
5 novembre 2005 à 19:48
Autour d’une table comme au travers des médias les rôles sont arasés ; chacun pose sa certitude en exemple, et du coup forge des superstitions, des avis violents de simplicité. Je participe peu aux débats d’opinions, ce n’est pas ma place, pas là où je serais efficace. J’écoute, je sonde, flaire, ricoche de compréhension en compréhension, et me tais pour ne pas m’arrêter d’examiner les évènements, les dires. C’est ma manière de participer à ce grand Examen. Et je ne me sens pas moins utile et puissant.
11 novembre 2005 à 15:10
Ba le seul truc dommage c’est quand on ne croit en rien. Le reste …