Physionomiste
L’autre soir, Melie, Dorine et moi papotions, gaiement attablés à la terrasse d’un petit restaurant japonais du quartier latin. En grande conversation sur l’orgasme et les possibilités comparées de le simuler chez la femme et chez l’homme (avec une digression sur l’éjaculation [masculine] sans ou quasiment sans plaisir – peut-on la qualifier d’orgasme ?), nous sommes soudainement interpellés par l’un de nos voisins de table qui s’apprêtait à quitter l’établissement en compagnie d’une gracieuse demoiselle.
– Excuse-moi… Je crois qu’on se connaît… Hi hi, il a supris notre conversation… Hmmm, mais si j’avais fait des choses avec un beau garçon comme ça, je m’en souviendrais, quand même… Tu es bien Thomas ?
– Euh, oui… Bon, ça m’arrive souvent que des gens que je ne reconnais absolument pas se souviennent parfaitement, eux, de ma bobine. Jusqu’ici, tout va bien
– Et tu as fait ta scolarité à Gennevilliers, ta mère était institutrice !
– En effet… Hmmm, là, ça se corse. Je ne raconte pas usuellement ces vieilles années de mon enfance.
– On était à la maternelle ensemble. Je suis M… D… Argh. Oui, ce nom évoque quelque chose, là, tout au fond de ma mémoire.
À vingt ans de distance, je n’ai donc pas changé. De cela et du fait qu’il se soit souvenu de moi, je suis resté stupéfait. J’aurais été bien en peine de savoir que je l’avais déjà croisé, presque comme dans une vie antérieure.
Je ne sais pas pourquoi, mais ça m’a fait chaud au cœur. Un jour peut-être, je passerai lui faire un petit coucou, là-bas parmi ses livres, du côté de la tour d’Asnières.
13 octobre 2005 à 15:28
Je déteste ce genre de rencontres.
J’ai toujours l’impression d’être le sale égoïste qui a tout oublié, de même que je suis toujours taraudé par la peur coupable de voir ressortir des cadavres de certains placards.
Mais je vous rassure: ces cadavres peuplent davantage ma mauvaise conscience que mon passé.
13 octobre 2005 à 19:06
je suis de ses personnes qui n’oublient pas les visages …
mais je n’aborde jamais les gens , je n’aime pas déranger ;o)
14 octobre 2005 à 09:04
Ah oui. On n’est rien sans le regard des autres. Et leurs souvenirs.
14 octobre 2005 à 10:40
Pour moi, c’est plutôt : « M***, j’ai vu cette fille-là (resp. ce type-là) quelque part, impossible de me souvenir où, qui est-ce ? Peux-je et dois-je la (resp. le) saluer ? »
14 octobre 2005 à 11:13
Ca me rappelle une soirée à Telecom. Je vois un nana tendrement enlacée avec un gars, les deux en train de danser. Je me dis: « je connais sa tête ». Nous nous regardons, elle façon: « il m’ignore, c’est manifeste, tant pis, je l’ignore aussi » et moi façon: « Merde, sa tête me dit vraiment quelque chose ». Rien ne se passe.
Le lendemain matin, je me souviens que c’est une des meilleures amies d’une de mes ex et que j’ai dansé une fois avec elle un slow … manifestement inoubliable 🙂
Oui, je déteste ce type de rencontres.
14 octobre 2005 à 14:09
ça me met plutôt mal à l’aise quand un(e) inconnu(e) pour moi semble me conaître… Mais un jour cela m’a amusé parce que la personne m’a appelé par mon prénom, m’a parlé comme si on était intime et j’ai fini par comprendre que cette personne avait vu tout mes spectacles et c’est cela qui lui donnait ce sentiment de me connaitre, que je ne pouvais evidement partager… J’ai rie de moi en m’en rendant compte et je me suis dit: » ah c’est donc ça la gloire?! » J’ai pris un bon fou rire…
14 octobre 2005 à 23:53
Un midi, je débarque avec mes collègues dans le petit bar où nous avons coutume de prendre un café. A peine entré, je reconnais une vieille connaissance et je lui fais un large sourire spontané… avant de réaliser une demi-seconde plus tard u’il s’agit de Daniel Auteuil (André Dussolier n’était pas loin, ils tournaient
) et que lui ne me connaît évidemment pas du tout ! Je me suis senti un peu idiot. On n’est pas habitués à une telle asymétrie dans nos relations. C’est l’anecdote de Luciole qui m’a rappelé cet épisode.15 octobre 2005 à 16:49
🙂
Moi j’aime beaucoup les rencontres en général et cette histoire (plutôt dans le rôle de celle qui reconnait) m’est déjà arrivée plus d’une fois…
Toujours fabuleux
J’M.
20 octobre 2005 à 17:49
Cela ne me dérange pas (plus ?) que d’autres me reconnaissent. Ce qui me met plus mal à l’aise, c’est la situation que décrit Sok : avoir l’impression de reconnaître quelqu’un-e, mais sans en être certain, ou sans me souvenir d’où je l’ai déjà rencontré-e, et sans savoir comment l’aborder.
Dans ce cas-là, ma plus grande angoisse est d’être abordé non pas par une personne que je n’aurais pas reconnue, mais par une personne que j’aurais l’impression de « devoir » connaître…