L’attracteur étrange
Les années et les mers les séparent. Sur elles deux mon regard s’est posé. Sur mon épaule leurs yeux se sont fermés. C’était le soir. Au creux d’une nuit d’automne, au long d’un soir d’été, j’apprenais leur cœur à tâtons.
Petit à petit une porte s’est ouverte. Au-delà du voile, elles se sont racontées. Si éloignées, et si étrangement semblables. Elles m’ont confié en partage le poids de leurs blessures, de leurs corps meurtris et de leurs âmes volées. Deux anges déchus par la violence des hommes. Deux récits de vie que je recevais en silence en réchauffant leurs mains entre les miennes.
Pourquoi précisément elles ? Pourquoi précisément moi ? Est-ce l’odeur du sang qui se lit sur mon visage ? Est-ce la trace de la mort qui lie nos destins ? Est-ce l’écho d’un cri qui résonne dans nos cicatrices ?
Venez, compagnes d’infortune. Venez, vous les âmes déglinguées. Déversez sur mon corps votre trop-plein de larmes.
26 juillet 2005 à 12:47
Poème superbe… presque trop bien caché…
26 juillet 2005 à 23:32
c’est assez cryptique … mais bien joli
27 juillet 2005 à 00:58
Je ne pouvais pas faire autrement, car rien de leurs blessures n’est dicible.
16 mars 2006 à 14:15
[…] Étrange écho, encore. Emmurée de silence d’avoir été brisée, elle abandonne son corps en rédemption muette. Épars, les souvenirs enfouis emprisonnent ses mots. Elle s’écrie que c’est bon, conjure les effluves d’enfer écrits sur son passé. Épuisée, son orgasme se délite et se mue en sanglots étouffés. […]