Un lundi au soleil, fragment 5 — Sortie de route
J’étais sur l’île pour six jours. Avant, ç’avait été Roissy, l’embarquement rocambolesque (va donc avitailler donc dix-sept personnes en frites et hamburgers en pleine aérogare cinq minutes avant l’heure limite d’enregistrement), après ce serait l’avion encore, le soleil de nouveau timide et la fraîcheur des printemps d’ici.
C’était juste un passage, un détachement seulement temporaire de ma vie habituelle, et rien ne m’avait laissé présager les rencontres que je ferais là-bas. Celles et ceux-là avaient quitté les climats tempérés des cieux de leur naissance, pour un mois, pour un an, certains pour plus encore. Devenus GO, instructeurices de plongée, ils avaient décidé de quitter un métier, une ville, un pays, des amis. Certains doutaient de jamais pouvoir se faire à l’idée de rentrer un jour.
Aurais-je eu leur courage, leur détermination ? Est-ce que ça pourrait m’arriver, de « tout plaquer », changer radicalement de direction et repartir… ailleurs, autrement ? Qu’y a-t-il dans ma vie d’ici qui me soit fondamentalement indispensable ? Paris ? Quelques ami-e-s infiniment précieux, et un endroit où faire nicher ma solitude chérie ?
À des milliers de kilomètres, en plein océan indien, j’ai été saisi par le vertige du chemin que j’avais parcouru. Le ruban tout tracé continuait devant moi, à perte de vue. Et jamais je n’avais pensé à couper à travers champs.
28 avril 2006 à 19:39
🙂 Si joli… Juste pour dire que je te lis car ces mots n’en nécessitent pas en commentaires
28 avril 2006 à 20:50
chouette texte 🙂
j’adore couper à travers champs, je n’aime pas les routes tracées
c’est riche et c’est là qu’on découvre à chaque fois un peu plus de soi
(dans tous les sens du terme decouvrir)
7 mai 2006 à 21:03
partir……comment oser faire ça ? tout plaquer, pour vivre ce que l’on croit être soi, enfin….?