Célibabstinence

Célibataire. C’est la liberté ? C’est pas de comptes à rendre ? Pouvoir draguer qui je veux, quand je veux ? C’est mon bordel chéri qui a le droit d’envahir l’appart’ sans que personne n’y puisse rien trouver à redire ?

Oui.

Mais c’est aussi faire face, seul, la nuit, au sommeil qui ne vient pas et à la peur de la mort. Sans avoir personne à serrer contre mon cœur pour sentir qu’on est là, vivants, ici et maintenant. Personne pour jouer à perdre la raison, pour se donner nos corps et envoyer nos âmes nicher avec les anges des paradis sensuels.

Seul, parce que je ne sais guère mentir, captiver, retenir. Inlassablement j’essaie d’être l’image que je voudrais montrer, tellement être moi me paraît peu plaisant. Bien sûr c’est épuisant d’être un miroir aux alouettes, mais c’est cela ou montrer mon vrai visage, qui n’a rien de brillant, à part peut-être une lueur au fond des yeux pour qui regarde au loin, par-delà le décor et les hautes murailles.

Parfois pour quelques heures je donne le change. Je suis oiseau de passage. Je me réchauffe dans des étreintes intenses, mais c’est pour mieux les fuir au matin. Rester, ce serait aliéner ma solitude, et je hurle du dedans rien qu’à l’idée de ça. Je m’enfuis à tire d’aile. Depuis longtemps plus personne ne cherche à apprivoiser la bête farouche.

Je rentre dans ma tanière. Seul au creux d’un lit vide.

15 réponses à “Célibabstinence”

  1. brol a dit :

    Aux isolés inquiets

    Comme une tumeur, elle ronge notre être, progressant, lente et rapide à la fois. Lente à se faire jour à nos yeux impassibles, et rapide à nous détruire. Dès lors, peut-être est-il déjà trop tard. Tout ce temps à se voiler la face, à ne pas…

  2. Sskizo a dit :

    erf.. tout pareil, thomas.

  3. Justine Miso. a dit :

    Pourquoi maintenant, quand je lis ça, j’ai juste envie de « t’envoyer promener »… Pas méchamment non mais juste, je décompose. Le premier paragraphe [Mais…] sonne vrai, très vrai. Le troisième [Parfois…] a quelque chose d’intéressant. Mais le second [Seul…] résonne adolescent. Le second paragraphe, pour moi, c’est un ancien toi, qui resurgit de temps en temps alors j’ai envie de t’envoyer promener, regarder dehors et te dire que, finalement, il faudrait peut être arrêter de se demander si on est séduisant brillant ou je ne sais quoi de temps en temps.

    Je t’embrasse

  4. nezumi a dit :

    Ce qui me choque c’est le mot « mentir »
    Que vient-il faire là?

    Arrete de donner le change, soi toi-même sans tricher.
    Les failles sont bien plus intrigantes et seduisantes que l’eclat factice d’une image lisse.

    (ok je suis une vilaine naïve :o))

  5. Liu a dit :

    Moi je ne trouve pas du tout que la derniere strophe donne une impression d’adolescence ou alors nous en sommes tous!
    Ne pas savoir où nous en sommes peut deboucher sur de grandes revelations ne l’oublions pas:)
    Take care:)
    The Liu)

  6. greuh a dit :

    Très beau texte. T’as toujours trois paragraphes d’avance sur moi.

  7. Thomas a dit :

    Parce que ces mots, chère Justine, vous semblent familiers. Mais ce n’est qu’une impression de surface, comme je vous en ai fait part, et ce que sous-tendent ces mots a, de toute évidence, bien changé.

    Mêmes mots, autres maux. Heureusement, d’ailleurs – c’est là la moindre des consolations qu’on puisse espérer du temps qui passe.

    J’ai reformulé légèrement le texte initial en conséquence.

  8. Thomas a dit :

    Nezumi, recouvrir ses failles, ses désirs, la tripaille, les larmes, le sang et le sperme d’un vernis social enjoué et convenu, c’est mentir un peu. Aux autres et à moi-même.

    Il faut bien le savoir et reconnaître ce mensonge pour pouvoir m’en défaire.

  9. nezumi a dit :

    J’apprecie l’authenticité de ce que tu viens d’écrire ci-dessus. 🙂

  10. Jonas de Dieppe a dit :

    (Si cela ne reflétait que l’expérience du célibat, alors je devrais paradoxalement me définir comme un célibataire à l’état couple.)

  11. Pinky a dit :

    Tiens, lis ceci

  12. Célinette a dit :

    Bon… dès que j’ai lu ce texte …. j’ai été bleuffée d’émotions.
    Je me suis dit il faut lui laisser un commentaire.
    Mais pas facile d’ajouter quelque chose quand on se sent tellement concernées par tes mots.

    Merci à dame Jojo pour ces bons tuyaux de blogs… J’vais bien finir par faire le mien 😉

    Bises,
    Célinette

  13. Joëlle a dit :

    C’est écrit avec douceur, mais le message est fort.
    J’aime

    Jo

    NB : Célinette: de rien 😉

  14. Thomas a dit :

    Celinette, tu as fait vite, visiblement !

    Merci Joëlle :-), sois la bienvenue par ici…

    Pinky, je suis allé voir chez Hélène. Une autre facette de la solitude : celle, nécessaire, qui oxygène et apaise, pas celle qui gène et qui pèse. Aller au resto seul, c’est bon aussi, je trouve, il suffit d’un bon bouquin pour accompagner le dessert.

  15. Célinette a dit :

    Ouip… je résiste mal à la tentation 😉

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