Surveillance discrète

Juché sur mon Vélib’, je me suis sagement arrêté au feu rouge, au coin des rues de Châteaudun et Lafayette. Elle était là, sur le trottoir. Arrêtée elle aussi. Mais elle n’attendait pas pour traverser, non. Elle restait là, et semblait se cacher tant bien que mal derrière les feux. Son regard attentivement braqué sur l’immeuble d’en face scrutait les portes de verre, le hall encore éclairé d’un immeuble de bureaux.

Qui était-elle ? Amoureuse jalouse ? Flic en civil ? Assistante dévouée d’un privé ancienne mode, one of a long line of good girls who choose the wrong guy to be sweet on[1] ?

Le feu est passé au vert et j’ai poursuivi mon chemin. Elle était toujours là.

Le lendemain, je suis rentré du boulot par le même chemin, et à peu près à la même heure. Je me suis arrêté au même feu. Et de nouveau elle a cillé quand mon regard a surpris le sien, toujours perdu au-delà des portes de verre de l’immeuble d’en face.

Je me demande ce qu’elle attendait. Qui. Je ne l’ai plus revue depuis.


  1. You can always count on me, in City of Angels.

2 réponses à “Surveillance discrète”

  1. tilly a dit :

    Etonnant ! Ton histoire me parait faire un écho parfait à celle de plancton
    http://plancton.asocial.org/archives/2008/10/29/juste-cinq-minutes/

    Et si je me faisais une spécialité de dans la mise en miroir des histoires que je lis et qui me plaisent sur le ouaibe ? A creuser.

  2. gilda a dit :

    Ça me rappelle ce jour où passant au gré d’un chemin logique devant chez une amie j’ai repéré un type puis un autre et encore un de l’autre côté qui semblaient tellement n’en avoir pas l’air que j’aurais parié qu’ils faisaient le gué (en plus que rester à poireauter appuyé sur un mur quand il flotte, quel que soit l’air désinvolte affiché, ça fait peu naturel). J’avais ressenti pour elle une inquiétude alors que son immeuble est par ailleurs assez peuplé. Ces trois là avaient beau être probablement transis, ils ressemblaient à tout sauf à des amoureux.
    N’étais pas repassée dans les jours qui suivaient. Une autre fois, un paquet de temps plus tard, montra la voie dégagée.

    Nobody knows.
    (n’avais pas osé envoyer de texto sur le mode « C’est pour toi les barbouzes en bas ? », mais peut-être aurais-je dû (pour la rigolade si pas le cas))

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