Archive pour le 15 octobre 2006

Une connaissance aperçue sur le quai du RER

dimanche 15 octobre 2006

C’était l’autre soir, je rentrais du spectacle. J’avais salué l’ami qui m’avait invité, félicité les acteurs pour leur prestation, peu de temps mais beaucoup de travail, cela avait payé.

Je ne m’étais pas attardé. Pas la force d’essayer de socialiser, plutôt l’envie de fuir très vite cette sensation aiguë de n’avoir personne à qui parler. J’avais sauté dans le PC Porte de Versailles, au milieu de la foule du Salon de l’Auto, comme un corps étranger et silencieux brinquebalé dans la marée humaine. Plongé dans mon bouquin jusqu’à la Cité U.

Arrivé là, je venais d’arriver sur le quai du RER quand elle est passée devant moi. Je l’aurais reconnue du coin de l’œil. Je me suis arrangé pour regarder ailleurs le temps qu’elle me dépasse.

J’aurais pu la saluer, ç’aurait été urbain, papoter de tout et de rien, prendre des nouvelles des uns et des autres que sans doute elle continue de voir chaque semaine et que j’ai perdus de vue. Mais j’étais bien trop las pour chercher laborieusement quelque bon résumé de mes derniers mois. Elle n’aurait pas manqué de s’enquérir, bien sûr : « Et toi, tu deviens quoi ? Tu fais quoi, en ce moment ? »

Et rien ne m’effraie plus que ce genre de question. Je me sens faible et vide quand je me sens tenu d’avoir une vie passionnante. Je n’aurais pas pu l’émerveiller, qui voyage sans arrêt, intrépide et fantasque, jamais à court de rencontres improbables. Réfugié dans ma bulle de silence, j’ai préféré la laisser filer sans faire de bruit.