Un lundi au soleil, fragment 4 — Viens nous voir à Kanifinolhu

Dès notre arrivée sur l’île, on est baigné dans l’atmosphère Club Med. Ici, une règle d’or est respectée partout, tout le temps. Tu croises un GO (gentil-le organisateurice, le personnel du Club), il te sourit, te dit bonjour, et pour peu que tu ne sois pas en train de courir vers le bar, en retard pour le rendez-vous de l’apéro, te fera même un brin de conversation.

C’est le concept, le service formaté qui t’est vendu ici. Du sourire, de la convivialité, tout le monde se tutoie, c’est fête au village. « Tu as fait quoi toi aujourd’hui ? Oh, moi, balade sur la plage, sieste, beach volley, plongée, biffer la mention inutile… » Bien sûr certains, dès l’abord, épinglent la superficialité, l’artifice de la relation lisse avec ces « copains en service commandé » qui, même au bar pendant la soirée, sont toujours au boulot, là pour toi, toujours frappés de leur badge aux armes du Club.

Ce serait presque une évidence de trouver le procédé hypocrite et trompeur. Pourtant il y a là une expérience, peut-être plus intéressante qu’il n’y paraît, de psychologie sociale. Si c’était cela, justement, l’idée ? Faire naître chez l’humain une sorte de bien-être en le baignant simplement dans un microcosme où tout le monde lui sourit. Par simple mimétisme, par instinct animal, il se sentira mieux, il sourira lui-même. C’est contagieux. Et j’en ai profité sans honte aucune. Joué le jeu, parce que c’était bon. Et je suis rentré en emportant au fond de mon sac un peu de ce soleil et de tous ces sourires-là.

7 réponses à “Un lundi au soleil, fragment 4 — Viens nous voir à Kanifinolhu”

  1. Nadine a dit :

    J’ai l’impression que c’est la solution choisie au Japon pour fluidifier les interactions humaines. Les gens sont plutôt polis, plutôt gentils, plutôt conscients que tout cela est superficiel. Et ça semble marcher plutôt bien. Je trouve agréable et reposant de baigner dans cette ambiance aseptisée et de jouer le jeu. Le Japon serait donc le premier village ClubMed?!

  2. Melie a dit :

    C’est un peu comme à l’hosto. Parfois je souris à mes patients alors que je n’en ai pas particulièrement envie. Et même que parfois ça me coûte, certains patients ne libérant pas aisément les envies de gentillesse.

  3. Célinette a dit :

    J’ai jamais testé le club mais effectivement voir tout le monde sourire ça doit changer du métro 😉

    Célinette

  4. Justine Miso. a dit :

    Peut être que ça fonctionne… J’ai vu ailleurs, dans une autre vie, des gens qui sourient, pendant le service commandé et qui pleurent le soir ou la nuit.

    J’M.

  5. nezumi a dit :

    Je pense que l’authenticité des sentiments vaut bien mieux que ce genre d’hypocrisie sociale qui fonctionne sur la politique de l’autruche. Passe encore si c’est juste pour une semaine (mais là encore… j’aime pas bien).
    Ne vaut-il pas mieux avoir des rapports vrais avec les gens même si ceux-ci ne sont pas toujours « bisounoursifiant », plutôt que jouer la comedie de la bonne humeur?
    On est pas des teletubbies on est des êtres humains.

    Je parle ici des cas où ça coute vraiment quelque chose de faire semblant. Où on y est forcé et donc où on ne respecte pas ce qu’on ressent vraiment.
    Pas des cas où on a + ou – envie d’être aimable et/ou cordial et qu’un simple sourire suffit. Parce qu’en effet interagir avec son prochain avec un esprit bienvaillant rend (en general) la vie plus sympa.

  6. Esculape a dit :

    Le sourire est une arme que l’on devrair utiliser quotidiennement, il coute peu mais rend heureux. Facilement

  7. Thomas a dit :

    Nezumi, bien sûr, j’aurais pu m’arrêter là, me rappeler que ces sourires n’étaient que façades et que l’herbe aurait été plus verte dans un ailleurs hypothétique où les relations humaines sont plus vraies et plus profonde. J’aurais pu refuser de jouer le jeu, comme au théâtre je peux toujours ne voir qu’une scène avec des acteurs dessus, ou bien je peux accepter le pacte théâtral et jouir pleinement de la pièce. Ce qui ne m’empêche pas de jeter parfois, à la dérobée, un coup d’œil en coulisse, pour tâcher d’entrevoir l’envers du décor.

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