Un lundi au soleil, fragment 3 — Histoires parallèles

Nous avons voyagé en groupe. Trente-neuf au total, collègues, époux-ses, enfants petits et grands. Chacun, sur l’île, tisse sa propre histoire, qui contient en elle-même une image de toutes les autres : je m’imagine leur vie, ils s’imaginent la mienne.

Et ainsi les temps filent, et nos histoires aussi. Chacun de son côté, on fait sa bulle, on fait sa vie. Il y en a, on ne les croise que le soir au dîner ; et si l’île ne fait que huit cents mètres sur deux cent cinquante, c’est déjà assez grand pour laisser une grande part de mystère sur ce que font les autres. Trente-neuf histoires parallèles se déroulent sans jamais se rejoindre.

Pourtant, parfois, les fils se croisent. Au clair de lune, bien avant les petites heures de l’aube, le bord de la piscine bruisse de confidences. Les bulles s’entr’ouvrent, les fils se croisent. Pour un court instant, Lachésis s’emmêle, les destinées se nouent par les secrets confiés.

Et puis tout le monde passe à l’eau.

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