Un lundi au soleil, fragment 2 — Ça plane pour moi

Petit, j’avais appris, comme tous les enfants d’homme, à marcher debout, en avant, en arrière, parfois sur le côté aussi. Mes horizons s’appelaient Nord, Sud, Est et Ouest, et la terre sous mes pieds me rappelait que c’étaient là les quatre seules directions par où mes pas iraient.

Mais cette semaine, j’ai accroché à mon dos un réservoir d’alu, chaussé des nageoires de plastique, et fait « un pas de géant ». Le sol s’est dérobé et l’eau m’a enveloppé, tiède. Partout présente.

Le gilet stabilisateur se dégonfle, je ne flotte plus, je glisse doucement vers le bas. Une troisième dimension d’espace vient de s’ouvrir : je peux enfin voler ! Oiseau, ou peut-être poisson, je découvre petit à petit comment monter, descendre, me poser en douceur sur le fond sablonneux. J’apprends à jouer avec mes poumons, pour flotter un peu plus, un peu moins. Je découvre aussi que je peux monter ou descendre d’un simple coup de palmes. Dans ce monde, je suis un nouveau-né : je fais connaissance avec une nouvelle façon d’être-là et de me déplacer.

J’avais oublié le temps. Maintenant, je redécouvre l’espace. Sous l’œil circonspect d’un requin à pointe blanche, d’une murène tachetée, j’apprends la liberté.

4 réponses à “Un lundi au soleil, fragment 2 — Ça plane pour moi”

  1. Nawal a dit :

    Hi,
    Merci encore pour ta présence ce soir, mes « amiEs » ont beaucoup apprécié ta compagnie. Ils me le disaient encore y a quelques instants…
    Comme tu peux le lire 😉 la troisième mi temps fut très très longue ! Bizzz et à bientôt ! Nawal 🙂

  2. Esculape a dit :

    « L’eau était seulement tiède ». T’es sûr ???

  3. Thomas a dit :

    Esculape, comparée au soleil qui nous grillait en cinq minutes, oui, je maintiens que l’eau était tiède, voire agréablement fraîche quand on descendait jouer sur la thermocline.

  4. Un soir de pluie et de vent » Si je savais où elle est a dit :

    […] A. n’était pas de notre zone du 92. Elle venait d’au-delà du port, de la terra incognita, le 95. Mais c’est pas grave, elle s’était assise à côté de moi et on papotait sagement pour faire passer le temps des heures interminables du cours d’histoire-géo. Elle me racontait des histoires merveilleuses. Elle avait eu la chance de plonger aux Maldives, bien des années avant moi. Elle avait écopé d’un barotraumatisme mais elle s’en foutait, y avait rien de plus magique sur la terre qu’un vol de raies manta[1]. Elle voulait me faire partager ses grands moments de ciné. J’ai vu avec elle Orange mécanique, et avec un frisson d’interdit – je n’avais pas encore seize ans, le film m’était interdit, mais on ne nous a rien demandé à l’entrée de la salle. […]

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